Par Shinobi
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genre : plate-forme hardcore
support : xbla, pc, wiiware
Au fond je dois être masochiste. J'étais en pleine partie de Ninja Gaiden 2 quand j'ai décidé de me prendre un petit jeu pour jouer à côté, pour me détendre. Super Meat Boy commençait à faire parler de lui : un petit jeu indé développé dans une cave par deux américains un peu barjos et un gameplay simple; je n'ai pas résisté longtemps aux charmes du petit bout de viande. Quelle ne fut pas ma stupéfaction tandis que je m'adonnais au plateformer fraîchement installé.
"OH PUTAIN !" On incarne Meat Boy, petit morceau replet de viande rouge parti sauver sa chair et tendre Bandage Girl, enlevée et torturée par l'infâme Docteur Foetus. C'est débile, donc tout à fait appréciable. D'autant plus que l'aspect visuel est mignon tout plein avec ses couleurs chatoyantes, ce petit bout de barbaque qui court en laissant des marques saignantes sur son passage, ses écureuils, ses scies circulaires, ses fontaines de sel et torrents de lave...et bordel non c'est pas mignon du tout en fait. On parcours des niveaux en 2D oldschool bourrés de pièges vicelards et on crève toutes les cinq secondes pour atteindre Bandage Girl, qui se fait maraver la gueule par Dr.Foetus avant de se faire enlever à nouveau.
Super Meat Boy est une grosse déclaration d'amour et un hommage à l'époque des jeux 8-16 bits. Un principe simple : un niveau à parcourir en évitant les pièges et atteindre la sortie (ici la pauvre Bandage Girl), jusqu'à la fin du chapitre clôturé par un boss. Le principe est exactement le même qu'un Super Mario World. Enfin, à une ou deux choses près...
Si un Mario ou Sonic demande un minimum d'adresse pour réussir à finir un level, Super Meat Boy vous demande, lui, toutes vos tripes, des larmes et de la sueur. Bon je vais arrêter de lambiner et y aller franchement : SMB est à crever de difficulté. Les premiers niveaux se font sans embûches et nous permettent de maîtriser rapidement le gameplay et la physique de la petite bidoche. Meat Boy peut sauter haut et loin, il court vite et peut aussi sauter ou glisser de mur en mur à la manière d'un Jacky Chan écorché.
Mais alors que l'on commence à prendre les choses en main, on ne se doute pas que l'on vient de mettre le pied dans un piège aussi jouissif que douloureux.
Les replay sont l'occasion de revoir nos belles gamelles |
COUCOU, TU VEUX VOIR MA MEAT ? Pour continuer, permettez-moi d'aborder Super Meat Boy comme une allégorie de l'Amour.
Au premier contact il se révèle beau, charmeur et exempt de défauts. Alors on flirte un peu pour tester ses limites, pour voir jusqu'où il est prêt à aller. Là on s'aperçoit qu'il exploite jusqu'au bout les mécanismes des plateformers, son gameplay reposant bien évidemment sur l'adresse, mais surtout sur la capacité de Meat Boy à sauter de mur en mur. Puis au bout de quelques heures il faut bien avouer : c'est le coup de foudre. On est captivé par tant de maîtrise si bien que chaque minute passée auprès de lui est un délice. Il faut dire que Super Meat Boy sait raviver une flamme qui nous tient à coeur, une sorte d'évocation de notre premier amour.
En effet, jouer à SMB, c'est jouer au meilleur du jeu de plate-forme oldschool. Oh ne faites pas les blasés hypocrites, je sais que votre petit coeur de fanboy a défailli lorsque Sega a annoncé que Sonic 4 serait en 2D. Et cette application facebook de Super Mario, c'est "juste parce que je m'emmerdais l'autre soir" ? Allez, vous crevez d'envie de ressentir ces mêmes sensations qu'à l'époque, face à votre Amstrad ou votre Master System.
Et si je vous disais que jouer à Super Meat Boy, c'est rejouer aux jeux 8 Bits sous stéroïdes ?
SPROCH! Exactement, imaginez une partie de Wonder Boy sous acide. SMB reprend tous les codes des vieux plateformers pour les hisser aux sommets de la perfection. On dirait que je récite un communiqué de presse, il manquerait presque "et des heures de fun à passer seul ou en famille !!!" et pourtant je n'exagère pas. Tout y est : même les musiques nerveuses qui restent bien dans la tête sans jamais être lassantes.
Le bébé de la Team Meat se démarque également par son humour, aussi noir qu'omniprésent, nous servant de francs moments de rigolade qui m'ont rappelé mes heures passées sur Giant : Citizen Kabuto ou Monkey Island 4. Il m'est d'ailleurs arrivé de battre à nouveau les boss pour revoir plusieurs fois les cinématiques de fin de chapitre.
La musique de ce niveau déchire sa race |
La durée de vie n'est pas en reste puisqu'on a 340 niveaux à parcourir (si je ne m'abuse). Plus les "distorsions", sorte de bonus stage old-school jusqu'à la moelle reprenant directement les styles graphiques des jeux 4 ou 8 bits et les musiques en midi qui vont avec.
Enfin le jeu est volontairement très dur mais ne rallonge aucunement la durée de vie de manière artificielle. Ici la difficulté fait partie du gameplay. Ainsi on n'est jamais frustré et à force d'acharnement, de concentration et de skill de jedi, on y arrive enfin à cette putain de Bandage Girl.
On apprend de chacune de nos erreurs et on se dit que c'est pas grave, la prochaine c'est la bonne. Et ce ne sera pas la bonne puisque vous allez crever à deux doigts de Bandage Girl car vous n'aviez pas vu arriver cette bouche tête-chercheuse remplie de crocs acérés qui sortait d'un trou noir. Bah ! Faites pas cette tête, ça arrive.
On apprend de chacune de nos erreurs et on se dit que c'est pas grave, la prochaine c'est la bonne. Et ce ne sera pas la bonne puisque vous allez crever à deux doigts de Bandage Girl car vous n'aviez pas vu arriver cette bouche tête-chercheuse remplie de crocs acérés qui sortait d'un trou noir. Bah ! Faites pas cette tête, ça arrive.
Une distorsion, belle comme un camion |
Tout a été calculé au poil de bit près si bien qu'un Super Ghouls'n Ghosts passerait pour une promenade de santé à côté. On progresse donc par l'échec sans jamais se sentir lésé. Ou lorsque la frustration se fait sentir c'est qu'il est temps de faire une pause. Cette progression rend le soft très addictif, de plus il est possible de déverrouiller des personnages provenant d'autres jeux indé (comme Tim de Braid, un chevalier de Castle Crashers...) en récoltant des bandages disséminés dans les niveaux, aux endroits les plus fourbes évidemment...Et si vous y tenez vraiment vous pouvez essayer de finir chaque niveau avant un temps record, mais là il faudra pas venir vous plaindre, vous l'aurez vraiment cherché.
Difficile de reprocher quoi que ce soit à Super Meat Boy. Le gameplay est parfaitement maîtrisé, la difficulté volontairement élevée n'est jamais écoeurante et l'humour nous font penser que la Team Meat a programmé tout ce qu'elle attendait elle-même d'un jeu. Et n'est-ce pas ce qu'attendait aussi chaque passionné nostalgique ?
NOTE : 9/10
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